Témoignages sur les Bases Adresses Locales
Rennes Métropole : plan de ville et animation sur les adresses
Publié par Sophie le 09/12/2021
Les plans de ville des communes ont permis à Rennes Métropole d’impulser une dynamique sur l’adresse en 2012, d’installer une marque de territoire et d’offrir une routine de mise à jour. Les enjeux de cette démarche sont détaillés par Maël Reboux, chargé de mission données et diffusion et Gaëtan Danet, géomaticien animateur de bases de données, avec des résultats spectaculaires : un passage de 78 000 à 108 000 adresses pour 43 communes et plus de 450 000 habitants.
Comment est né le sujet de l’adresse ?
Maël Reboux : le référentiel des voies de la ville de Rennes remonte au début des années 1990. En 2009, Rennes Métropole a lancé un projet de plan de ville intercommunal, maintenu sans interruption depuis. L’objectif était de constituer un fond de plan référentiel et partagé, utilisé par tous les services et les communes. Une marque de territoire, en somme, mettant en œuvre uniquement des données locales. Sa création s’est accompagnée de celle d’un Référentiel Voies et Adresses (RVA). Nous avons ainsi répondu aux besoins de nos utilisateurs, comme le service de collecte des déchets, soucieux de disposer d’un référentiel stable. Nous avons mis en production la première version de cette base voies et adresses en 2011 et l’avons maintenue et entretenue depuis, par l’action conjointe d’un outil de signalement dédié et une politique d’animation.
Et comment procédez-vous ?
Gaëtan Danet : mon rôle est d’animer le réseau afin que toutes les communes complètent leur adressage. La principale difficulté se pose pour recueillir sans délai les mises à jour des adresses de la part des 43 communes que compte la métropole. J’ai tendance à prendre contact, rappeler l’intérêt d’alimenter la base d’adresses pour le bien de tous : secours, fibre optique, opérateurs de GPS, etc. Le déploiement de la fibre optique constitue actuellement la principale motivation des communes. Nous avons d’ailleurs eu la surprise de constater qu’un opérateur ignorait l’existence de notre Base Adresse Locale, pourtant disponible en open data depuis 2016. Je rappelle aux communes qui elles doivent contacter pour mettre à jour les bases adresses afin, qu’in fine, la Base Adresse Nationale soit utilisée comme base adresse de référence. Certes, des organismes maintiennent encore leurs propres fichiers et entretiennent leurs propres pratiques, mais progressivement les communes identifient notre service SIG comme point de contact pour les adresses et nous constatons une réelle dynamique pour la mise à jour des adresses.
Les adresses évoluent beaucoup ?
Gaëtan Danet : en 2013 la base comptait 78 000 adresses, nous sommes maintenant à plus de 108 000. Il y a trois raisons à cela. La première est la « politique » d’accompagnement et d’animation du service SIG auprès des communes, qui porte ses fruits sur le long terme : les communes s’impliquent et remontent les mises à jour à effectuer. La deuxième est le fort renouvellement urbain et la densification dans Rennes et la première couronne, ainsi que toutes les nouvelles constructions dans le reste des communes. La troisième raison est l’effort récent des communes, épaulées par Rennes Métropole, pour réaliser leur adressage dans le rural.
Vous avez donc précisé et complété les adresses ?
Gaëtan Danet : les communes nous ont fourni des tableaux et des plans, que nous avons saisis dans notre SIG. En 2015 quelques communes avaient bénéficié de la prestation gratuite de La Poste, dans la foulée des annonces autour de la Base Adresse nationale. Lorsque le service d’adressage de La Poste est devenu payant, certaines communes, essentiellement de plus de 500 maisons, ont continué à déléguer leur adressage pour numéroter leurs lieux-dits. Les plus petites communes ont poursuivi l’adressage elles-mêmes. Il reste encore quelques « poches », où les communes doivent préciser les adresses de leurs lieux-dits, mais toutes ont reçu notre information et savent qu’elles ont intérêt à compléter le plan d’adressage. J’ai notamment communiqué à des communes des plans avec les hameaux sans adresses pour qu’elles puissent s’aider des tirages sur papier. Nous allons recevoir les adresses de deux communes, d’autres avancent au compte-goutte, selon leurs moyens, pour achever leur adressage.
Les communes effectuent la saisie sur votre outil ?
Gaëtan Danet : elles transmettent leurs signalements de changements d’adresses sur notre portail géographique puis ce sont sept opérateurs de Rennes Métropole qui se chargent de la saisie dans la base adresse via une application que nous avons développée à partir de QGIS. Cette méthode ne demande pas de travail complémentaire aux communes : il leur suffit d’effectuer le signalement et de vérifier si notre saisie est correcte sur le portail. D’ailleurs, un service cartographique permet d’accéder à l’ensemble des couches de données de Rennes Métropole, dont les adresses.
Maël Reboux : l’idée force est de mettre en place une boucle de rétroaction sur des données locales. La source est la commune. À la Ville de Rennes, l’ensemble des services utilisaient la base adresse de longue date mais la situation était moins évidente dans les autres communes. Toutes ont besoin de vérifier les fichiers électoraux et nous sommes chaque fois en mesure de les accompagner.
Gaëtan Danet : Nous leur signalons régulièrement que leurs données de référence sont disponibles sur les outils que la Métropole met à leur disposition et qu’il est important de nous adresser les signalements afin que l’ensemble reste à jour. L’outil est simple : la commune clique sur l’interface, joint un arrêté, un plan de masse d’un lotissement à construire, ce qui nous permet d’être en avance pour les nouvelles adresses. XP Fibre (SFR) et le SDIS 35 par exemple, se fient à notre Base Adresse Locale (RVA) pour le périmètre de la Métropole de Rennes.
Maël Reboux : le SDIS 35 maintient sa base d’adresses en reprenant la nôtre pour le territoire de Rennes Métropole. Voilà un beau gage de qualité de nos données.
Vous avez mis en place une routine de mise à jour ?
Gaëtan Danet : nous associons la mise à jour des adresses avec celle du plan de ville tous les deux ans. Outre le flux régulier des signalements envoyés par les communes, le nouveau plan de ville permet une phase de vérification régulière. Nous distribuons le plan imprimé, que les communes annotent. Le dispositif est très concret. De nombreuses communes ne sont pas équipées pour imprimer de grands plans : nous les leur fournissons afin qu’elles puissent travailler. Et une fois tous les deux ans, nous leur demandons de vérifier les voies, les lieux-dits et les équipements. Les informations nourrissent par la suite d’autres bases de données en plus des adresses.
Nous avons également développé un autre outil à partir de l’adresse afin de générer automatiquement un certificat d’adressage. Les communes précisent un numéro de parcelle et obtiennent les adresses correspondantes.
Et quelles sont les étapes à venir ? Quels sont vos souhaits.
Gaëtan Danet : j’aimerais automatiser le transfert vers la Base Adresse Nationale et préciser la certification des communes. Nous allons contacter les communes pour clarifier la gouvernance. Nous comptons poursuivre l’accompagnement au plus près des communes. Il est essentiel car les communes sont souvent noyées sous l’information. Les outils sont à disposition, certes, mais les sollicitations sont tellement nombreuses que les communes ne savent plus par quelle action commencer. J’aimerais que les communes donnent une seule fois l’information sur une adresse, si possible à partir de notre outil de signalement, et que l’adresse soit reconnue comme la référence sans besoin de repréciser aux utilisateurs de l’adresse. L’idée est que la Base Adresse Nationale soit universelle mais actuellement trop d’organismes poussent encore leurs propres bases adresses, obligeant les communes à les avertir directement. Certaines d’entre elles envoient parfois l’information dans un même mail à tous les opérateurs en plus du signalement qu’elles nous font, ce qui est contreproductif mais bien compréhensible.
Certaines communes continuent d’utiliser le cadastre et se mélangent avec les adresses qu’elles affichent, la matrice n’étant pas mise à jour en même temps. Notre discours reste le suivant : « la bonne adresse se trouve dans la couche des adresses de notre Base Adresse Locale (RVA). Si ce n’est pas la bonne, nous la changeons immédiatement ».
Propos recueillis le 10 novembre 2021