Dans le Puy-de-Dôme, la commune d’Égliseneuve-des-Liards a profité de la mise à jour des adresses pour ancrer son projet collaboratif avec la population. Christophe Vezon, son Maire, détaille la démarche et ses perspectives. Bien décidé à faire école, il est le premier élu à placer la Charte de la Base Adresse Locale sur le site de la mairie.

Vous avez réalisé l’intégralité des adresses de la commune. Comment est né ce projet ?

Christophe Vezon : j’ai été élu maire aux dernières élections et nous avons commencé l’adressage en juillet dernier. J’avais découvert l’adressage grâce à un ami, maire de la commune d’Antoingt et qui travaille dans un cabinet de géomètres. Il a utilisé l’éditeur en ligne « Mes Adresses ». Après avoir regardé la partie numérique, je me suis intéressé aux documents proposés par les associations d’élus. En effet, l’Association des Maires Ruraux et l’Association des Maires de France ont travaillé sur l’adressage à l’échelon départemental. Le Conseil municipal a créé un groupe de travail, consulté les documents, échangé sur le sujet, abordé la question en Conseil municipal. Notre commune est petite, moins de 9 km² et ne compte que 150 habitants. Mais avec 13 hameaux, l’adresse n’était pas si simple.

Alors justement comment avez-vous procédé ?

Christophe Vezon : nous avons décidé des adresses en fonction de nos spécificités locales avec dans l’ordre l’élaboration d’un tableau des voies, une relecture commune et pour finir une validation par délibération en Conseil municipal. Nous avons commencé par envoyer un courrier aux habitants les informant et leur demandant leur avis. Il nous a fallu trois ou quatre allers-retours avec le groupe de travail avant de s’entendre sur les noms des voies et le système de numérotation. Les numéros classiques ont prévalu pour éviter de trop grands numéros dans les hameaux.

Je finalise actuellement les certificats d’adressage destinés aux habitants. La Base Adresse Locale est déjà publiée. La Poste nous a déjà demandé si elle pouvait mettre à jour ses bases. Les choses vont presque trop vite puisque nous n’avons pas encore reçu les plaques !

Quelles étaient les spécificités de vos adresses ?

Christophe Vezon : il n’existait que le bourg et des lieux-dits. Nous avons donc créé l’ensemble des adresses en conservant le nom du lieu-dit avec le nom de la voie. Nous avons également pris soin de vérifier les parcelles lors l’affectation des numéros afin de laisser de la marge pour d’éventuelles constructions qui s’intercaleraient. Le numéro 4 peut être suivi du 10 si des parcelles sont susceptibles d’être construites.

Je voulais que nous puissions effectuer cette démarche ensemble, les élus avec les habitants. Et d’ailleurs la population a bien participé, choisissant par exemple le Chemin de Pacher d’après le lieu-dit Pacher. Ils ont déterminé le nom de leur voie d’après ce que précisait le cadastre. Me voilà rassuré, l’adresse sera utilisée. L’essentiel est bien là : que les adresses soient véritablement utilisées. Comme partout, les livraisons sont de plus en plus nombreuses et les livreurs ne parviennent pas à nous trouver, par manque d’adresse dans les GPS.

Et pour l’arrivée de la fibre, la mise à jour des adresses est une condition ?

Christophe Vezon : la fibre n’est pas encore là — et je pense qu’elle n’est pas prête d’arriver — mais l’adressage en est une condition. La fibre nous apportera, je l’espère, une évolution. Notre Conseil municipal a passé une délibération envoyée à Auvergne numérique car les débits sont vraiment très mauvais. Nous venons de réaliser un plan d’élagage afin de faciliter le passage des infrastructures : les employés communaux jumelés entre notre commune et celle de Sugères (SIVU) vont se charger des travaux. L’adresse participe de cette dynamique numérique et la dépasse largement. Le projet, ancien, était toujours reporté. Nous avons demandé un devis à un prestataire — devis trop cher pour une petite commune comme la nôtre. Par mesure d’économie, par curiosité, et pour profiter de cette occasion pour réaliser un projet ensemble, nous avons préféré nous charger des adresses.

Votre approche, pétrie de curiosité et de partage de connaissance, porte véritablement la marque de votre profession, enseignant. Quelles sont les perspectives au-delà de cet adressage ?

Christophe Vezon : nous avons à cœur de poursuivre la démarche collaborative, notamment en construisant un cheminement qui valorise un petit village de tailleurs de pierres dans les bois. Nous mettons en place un circuit de trail et de randonnée, avec la Communauté d’agglomération du Pays d’Issoire, dont je suis élu délégué à la commission tourisme. Là également, nous aurons l’occasion de parcourir le village, de réaliser des repérages de terrain, de cartographier. Voilà le prolongement de notre démarche, la mise en valeur d’un site historique de tailleurs de pierres, qui a abrité la Résistance, en lien avec l’artisanat qui perdure grâce aux tailleurs de pierre locaux.

Propos recueillis le 17 mars 2021